Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/250

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus dangereux, devint le plus puissant de ses alliés. Les bosquets de l’académie, les jardins d’Épicure, et même le portique des stoïciens furent presque abandonnés, comme autant d’écoles différentes de septicisme ou d’impiété[1] ; et plusieurs parmi les Romains désirèrent que les écrits de Cicéron fussent condamnés et supprimés par l’autorité du sénat[2]. La secte dominante des nouveaux platoniciens crut devoir s’unir avec les prêtres, que peut-être elle méprisait, contre les chrétiens qu’elle avait raison de redouter. Ces philosophes, alors en vogue, s’attachèrent à tirer des fictions de la poésie grecque une sagesse allégorique ; ils instituèrent des rites mysté-

    surnaturelles, ou, comme ils le croyaient, infernales, aient anéanti de leurs propres mains le grand avantage que, sans cet aveu, nous aurions pu retirer des libérales concessions de nos adversaires.

  1. Julien (p. 301, édit. Spanheim) témoigne une pieuse joie de ce que la providence des dieux a éteint les sectes impies des pyrrhoniens et des épicuriens, et de ce qu’elle a détruit la plus grande partie de leurs livres, qui ont été très-nombreux, puisque Épicure lui-même avait composé trois cents volumes. Voyez Diogène-Laerce, l. X, c. 26.
  2. Cumque alios audiam mussitare indignanter, et dicere oportere statui per Senatum, aboleantur ut hæc scripta, quibus christiana religio comprobetur, et vetustatis opprimatur auctoritas. Arnobe, adversùs gentes, l. III, p. 103, 104. Il ajoute avec beaucoup de justesse : Erroris convincite Ciceronem… nam intercipere scripta, et publicatam velle submergere lectionem, non est Deum defendere sed veritatis testificationem timere.