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possessions temporelles attachées à une dignité, dont, au jugement de ses frères, il avait été justement dépouillé. Mais, en applaudissant à la justice d’Aurélien, il ne faut pas négliger d’observer sa politique : pour rendre à la capitale sa supériorité sur toutes les parties de l’empire, et pour cimenter la dépendance des provinces, il n’épargnait aucun des moyens qui pouvaient enchaîner l’intérêt ou les préjugés de tous ses sujets[1].

Paix et prospérité de l’Église sous Dioclétien. A. D. 280-303.

Au milieu des révolutions fréquentes de l’empire, les chrétiens fleurirent toujours dans un état de paix et de prospérité ; et malgré cette ère fameuse de martyrs, qui commence à l’avènement de Dioclétien[2], le nouveau système de gouvernement, établi et maintenu par la sagesse de ce prince, parut, pendant plus de dix-huit ans, conduit par les principes de tolérance les plus doux et les plus libéraux. L’esprit de Dioclétien lui-même était moins propre aux recherches spéculatives qu’aux travaux actifs de la guerre et du gouvernement. Sa prudence le rendait ennemi de toute grande innovation ; et quoique son caractère ne fût pas très-susceptible de zèle et

  1. Eusèbe, Hist. ecclésiast., l. VII, c. 30. C’est à lui que nous sommes entièrement redevables de l’histoire curieuse de Paul de Samosate.
  2. L’ère des martyrs, qui est encore en usage parmi les Cophtes et les Abyssins, doit être comptée depuis le 29 août de l’année 284, puisque l’année égyptienne commence dix-neuf jours plus tôt que l’avènement de Dioclétien. Voyez la Dissertation préliminaire à l’Art de vérifier les dates.