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soixante-dix ou quatre-vingts évêques, qui s’assemblèrent, à ce sujet, dans la ville d’Antioche, et qui, sans consulter les droits du clergé ou du peuple, lui nommèrent un successeur de leur propre autorité. L’irrégularité manifeste de cette procédure augmenta le nombre des mécontens ; et comme Paul, qui n’était pas étranger aux intrigues de cour, avait su se rendre agréable à Zénobie, il se maintint pendant plus de quatre ans en possession de son palais et de sa dignité épiscopale. La victoire d’Aurélien changea la face de l’Orient. Les deux partis, flétris l’un par l’autre des noms de schismatiques et d’hérétiques, eurent ordre ou permission de plaider leur cause devant le tribunal du vainqueur. Ce procès public et très-singulier fournit une preuve convaincante que l’existence, les propriétés, les priviléges et la police intérieure des chrétiens, étaient reconnus, sinon par les lois, du moins par les magistrats de l’empire. Comme païen et comme soldat, on ne devait pas s’attendre qu’Aurélien entreprît de discuter les sentimens de Paul et de ses adversaires, et de déterminer ceux qui étaient le plus conformes à la vérité de la foi orthodoxe. [Aurélien fait exécuter la sentence. A. D. 274.]Cependant sa décision fut fondée sur les principes généraux de la raison et de l’équité. Il s’en rapporta aux évêques d’Italie comme aux juges les plus intègres et les plus respectables parmi les chrétiens. Dès qu’il eut appris qu’ils avaient unanimement approuvé la sentence du concile, il suivit leur avis ; et Paul fut bientôt obligé, par son ordre, d’abandonner des