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tumultueux qui, pour cette raison, a été appelé, fort improprement[1], du nom de persécution[2].

Sous le règne des empereurs Maximin, Philippe et Dèce. A. D. 244.

Malgré l’humeur cruelle du tyran, les effets de sa haine contre les chrétiens furent circonscrits dans des limites étroites, et n’eurent qu’une courte durée. Le pieux Origène, qui avait été proscrit comme une victime dévouée à la mort, était encore destiné à

  1. C’est avec raison que ce massacre a été appelé persécution, car il a duré pendant tout le règne de Maximin ; c’est ce qu’on voit dans Eusèbe (l. VI, c. 28, Hist. ecclés., p. 186). Rufin le confirme expressément : Tribus annis à Maximino persecutione commotâ in quibus finem et persecutionis fecit et vitæ (l. VI, Hist., c. 19). (Note de l’Éditeur.)
  2. Eusèbe, l. VI, c. 28. On peut présumer que les succès du christianisme avaient irrité les païens, dont la dévotion augmentait de jour en jour. Dion-Cassius, qui écrivait sous le premier règne, voulait, selon toutes les apparences, que son maître profitât des conseils de persécution qu’il place dans un meilleur siècle, et qu’il met dans la bouche du favori d’Auguste (*). Concernant ce discours de Mécène, ou plutôt de Dion, je puis renvoyer à l’opinion impartiale que j’ai moi-même adoptée (t. I, p. 119, note 1), et à l’abbé de La Bléterie (Mém. de l’Académ., t. XXIV, p. 303 ; t. XXV, p. 432).
    (*) Si cela était, Dion-Cassius aurait connu les chrétiens ; ils auraient même été l’objet de son attention particulière, puisque l’auteur suppose qu’il voulait que son maître profitât de ses conseils de persécution. Comment concilier cette conséquence nécessaire avec ce qu’a dit Gibbon sur l’ignorance où était Dion-Cassius du nom même des chrétiens ? (t. III, p. 166, n. 1) La supposition faite dans cette note n’est appuyée d’aucune preuve, et il est probable que Dion-Cassius a souvent désigné les chrétiens par le nom de Juifs. (Voyez Dion-Cassius, l. LXVII, c. 14 ; l. LXVIII, c. 1.) (Note de l’Éditeur.)