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dans sa retraite en Palestine[1]. Alexandre adopta les sentimens de sa mère ; et la dévotion philosophique de ce prince, se manifesta par un respect singulier, mais peu judicieux, pour la religion chrétienne. Il plaça dans sa chapelle domestique les statues d’Abraham, d’Orphée, d’Apollonius, et de Jésus-Christ, qu’il regardait comme les plus vénérables de ces sages qui avaient instruit les hommes des différentes formes de culte sous lesquelles ils doivent adresser leur hommage à la divinité suprême et universelle[2]. [Ann. 235.]Une foi et un culte plus purs furent professés et pratiqués ouvertement dans son palais. Ce fut peut-être alors pour la première fois que l’on vit des évêques à la cour. Après la mort d’Alexandre, lorsque le barbare Maximin fit tomber sa rage sur les serviteurs et sur les favoris de son infortuné bienfaiteur, un grand nombre de chrétiens de tout rang et de tout sexe se trouva enveloppé dans le massacre

  1. Eusèbe, Hist. ecclés., l. VI, c. 21 ; saint Jérôme, De script, eccles., c. 54. Mammée fut appelée une femme sainte et pieuse par les chrétiens et par les païens. Elle n’avait donc pas mérité que les premiers lui donnassent ce titre honorable.
  2. Voy. l’Hist. Aug., p. 123. Il paraît que Mosheim raffine beaucoup trop sur la religion particulière d’Alexandre. Le dessein qu’il avait de bâtir un temple public à Jésus-Christ (Hist. Aug., p. 129), et l’objection que l’on fit à ce prince ou à l’empereur Adrien, dans une circonstance semblable, paraissent n’avoir d’autre fondement qu’un conte dénué de vraisemblance, inventé par les chrétiens, et adopté par un historien crédule du siècle de Constantin.