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de faire, à Rome même, des acquisitions de terres destinées à l’usage de leur société ; de nommer publiquement leurs ministres ecclésiastiques ; et ils se conduisirent, dans ces élections, d’une manière si exemplaire, qu’ils méritèrent le respect des gentils[1]. Durant ce long repos, l’Église obtint de la considération. Les règnes de ces princes, qui tiraient leur origine des provinces asiatiques, furent les plus favorables aux chrétiens. Les personnages éminens de la secte, au lieu d’être réduits à la nécessité d’implorer la protection d’un esclave ou d’une concubine, furent admis dans le palais, revêtus du caractère honorable de prêtres et de philosophes, et leur doctrine mystérieuse, déjà répandue parmi le peuple, attira insensiblement la curiosité des souverains. Lorsque l’impératrice Mammée passa par Antioche, elle parut désirer de s’entretenir avec le célèbre Origène, dont tout l’Orient vantait la piété et les connaissances. Origène se rendit à une invitation si flatteuse ; et, quoiqu’il ne dût pas espérer de pouvoir convertir une femme rusée et ambitieuse, ses éloquentes exhortations furent écoutées avec plaisir ; et Mammée le renvoya honorablement

    dant la paix dont jouirent les fidèles sous le règne de ces deux princes.

  1. Voyez l’Hist. Auguste, p. 130. L’empereur Alexandre adopta leur méthode d’exposer publiquement le nom de ceux qui se présentaient pour être revêtus de quelque emploi. Il est vrai que l’on attribue aussi à la nation juive l’honneur de cette coutume.