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forcé de prendre, tombait avec le danger. Dès que la rigueur de la persécution se ralentissait, les portes de l’Église étaient assaillies d’une multitude de pénitens qui détestaient leur soumission sacrilège, et qui sollicitaient, avec une égale ardeur, mais avec des succès différens, la permission de rentrer dans le sein de la société des fidèles[1].

Le gouvernement emploie tour à tour la sévérité et la tolérance.

3o. Malgré les règles générales établies pour le jugement et pour la punition des chrétiens dans un gouvernement étendu et arbitraire, leur sort devait toujours dépendre, en grande partie, de leur propre conduite, des circonstances des temps et du caractère des principaux chefs et des administrateurs subordonnés qui les gouvernaient. Le zèle pouvait quelquefois provoquer la fureur superstitieuse des païens. La prudence pouvait quelquefois aussi détourner ou apaiser l’orage. Une foule de motifs

    dessous du nombre de ceux qui la confessèrent hardiment. » Le préfet, dit-il, et les assesseurs présens au conseil furent épouvantés en voyant la foule des chrétiens ; les juges eux-mêmes tremblaient. » Enfin, saint Cyprien nous apprend que la plupart de ceux qui s’étaient montrés faibles lors de la persécution de Dèce, signalèrent leur courage sous celle de Gallus. Steterunt fortes, et ipso dolore pænitentiæ facti ad prælium fortiores. (Epist. LX, p. 142.) (Note de l’Éditeur.)

  1. C’est dans cette occasion que saint Cyprien composa son traité de lapsis et plusieurs de ses épîtres. La controverse concernant le traitement qu’il fallait infliger aux apostats pénitens, ne s’était point élevée parmi les chrétiens du siècle précédent. En attribuerons-nous la cause à la supériorité de leur foi et de leur courage ? ou bien ne serait-ce pas parce que nous avons une connaissance moins parfaite de leur histoire ?