Divers motifs qui portaient les chrétiens à rechercher le martyre.
Il avait le choix de mourir martyr ou de vivre apostat ; mais c’était avoir à choisir de l’honneur ou de l’infamie. Quand nous pourrions même supposer que l’évêque de Carthage eût fait servir son zèle pour la foi chrétienne d’instrument à son avarice ou à son ambition, il lui importait toujours de soutenir le rôle qu’il avait pris[1] ; et s’il possédait le moindre degré de courage, il devait s’exposer aux plus cruels tourmens, plutôt que de changer, par une seule action, la réputation d’une vie entière contre l’horreur de ses frères chrétiens, et contre le mépris du monde idolâtre. Mais si le zèle de saint Cyprien avait pour base la conviction sincère de la vérité des dogmes qu’il prêchait, loin de contempler avec effroi la couronne du martyre, il devait la regarder comme l’objet de ses désirs. Les déclamations vagues, quoique éloquentes, des pères de l’Église, ne nous présentent aucune idée distincte ; et il serait difficile d’assigner le degré de gloire et de bonheur
- ↑ Quelque opinion que l’on puisse se former du caractère ou des principes de Thomas Becket, nous devons avouer qu’il souffrit la mort avec une constance digne des premiers martyrs. Voyez l’Hist. de Henri II, par Lord Lyttelton, v. II, p. 592, etc.