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de sa robe, et ils étendirent des linges sur la terre pour recevoir les gouttes précieuses de son sang. Le martyr, après leur avoir commandé de donner au bourreau vingt-cinq pièces d’or, se couvrit le visage avec ses mains, et d’un seul coup, la tête fut séparée.

Son corps resta, durant quelques heures, exposé à la curiosité des gentils ; mais on l’enleva pendant la nuit, et une procession pompeusement éclairée, le porta comme en triomphe, au cimetière des chrétiens. Les funérailles de saint Cyprien furent célébrées publiquement, sans aucune opposition de la part des magistrats. Ceux d’entre les fidèles qui avaient rendu ces derniers honneurs à sa personne et à sa mémoire, ne furent ni recherchés ni punis. Il est singulier que de tous les évêques qui étaient en si grand nombre dans la province d’Afrique, saint Cyprien ait été le premier jugé digne d’obtenir la couronne du martyre[1].

    d’accompagner leur saint évêque. Toute idée religieuse à part, il est impossible de ne pas trouver étrange l’espèce de complaisance avec laquelle l’historien insiste ici, en faveur des persécuteurs, sur quelques adoucissemens apportés à la mort d’un homme dont tout le tort était de tenir, avec franchise et courage, à ses opinions. (Note de l’Éditeur.)

  1. Pontius, c. 19. M. de Tillemont (Mém. ecclés., t. IV, part. I, p. 450, note 50) est fâché de voir assurer si positivement qu’il n’y ait point eu un seul évêque parmi les martyrs des premiers siècles (*).
    (*) M. de Tillemont, en homme de bonne foi, expose les difficultés que lui offre le texte de Pontius, et finit par dire positivement