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Jérusalem leva cet obstacle ; mais la plus grande partie de la religion mosaïque fut enveloppée dans ses ruines. Les païens avaient été étonnés pendant long-temps du bruit étrange qui s’était répandu que cet édifice ne renfermait qu’un sanctuaire vide[1]. Lorsque la nation juive eut été dispersée, ils furent en peine de découvrir quel pouvait être l’objet, quels pouvaient être les instrumens d’un culte qui manquait de temples et d’autels, de prêtres et de sacrifices. Cependant les Juifs, dans l’état même d’abaissement où ils avaient été réduits, ne renoncèrent pas à des priviléges exclusifs, et qui flattaient leur orgueil : loin de rechercher la société des étrangers, ils l’évitèrent soigneusement, et ils observèrent alors, avec une rigueur inflexible, les articles de la loi qu’il était en leur pouvoir de pratiquer. Des distinctions particulières de jours, d’alimens, et une foule d’observances habituelles, quoique pénibles, combattaient trop ouvertement les coutumes et les préjugés des autres peuples, pour ne pas exciter leur dégoût et leur aversion. La circoncision, pratique douloureuse, quelquefois même accompagnée de danger,

    mentateurs, et une note très-remarquable dans l’Histoire universelle, vol. I, p. 603, édition in-folio.

  1. Lorsque Pompée, usant ou abusant du droit de conquête, entra dans le Saint des Saints, on observa avec étonnement, nullâ intùs Deum effigie, vacuam sedem et inania arcana. (Tacite, Hist., V, 9.) C’était un dicton populaire, en parlant des Juifs, que

    Nil præter nubes et cæli numen adorans.