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tion générale d’Origène est expliquée et confirmée par le témoignage particulier de saint Denys, son ami, qui, dans la ville immense d’Alexandrie, et du temps de la persécution rigoureuse de l’empereur Dèce, compte seulement dix hommes et sept femmes exécutés pour avoir professé la religion chrétienne[1].

Exemple de saint Cyprien, évêque de Carthage.

Pendant cette même persécution, le zélé, l’éloquent, l’ambitieux Cyprien gouvernait l’Église, non-seulement de Carthage, mais encore de l’Afrique ; il possédait toutes les qualités qui pouvaient lui attirer le respect des fidèles, ou exciter les soupçons et le ressentiment des magistrats païens. Le caractère de ce saint prélat, et le poste qu’il occupait, semblaient le désigner à l’envie comme la

    d’Adrien, Voyez Baronius, ad Martyrologium romanum ; Tillemont. (Mém. ecclésiast., t. II, part. 2, p. 438 ; et Geddes, Mélang., vol. II, p. 203.) L’abbréviation de Mil., qui peut signifier ou soldats ou mille, a occasionné, dit-on, quelques méprises extraordinaires.

  1. Saint Denys, ap. Euseb., l. VI, c. 41. Un de ces dix-sept fut aussi accusé de vol (*).
    (*) Gibbon aurait dû dire : fut faussement accusé de vol ; car tel est le texte grec. Ce chrétien, nommé Némésion, faussement accusé de vol devant le centurion, fut acquitté d’un crime auquel il était tout-à-fait étranger (αλλοτριωτατην) ; mais il fut conduit devant le gouverneur comme coupable d’être chrétien, et le gouverneur lui fit infliger une double torture. (Saint Denys, ap. Euseb., l. VI, c. 41-45.) Il fallait dire aussi que saint Denys ne fait une mention particulière que des principaux martyrs, et qu’il dit en général que la fureur des païens contre les chrétiens donnait à Alexandrie l’apparence d’une ville prise d’assaut. Enfin, il fallait remarquer qu’Origène écrivait avant la persécution de l’empereur Dèce. (Note de l’Éditeur.)