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torité suffirait seule pour détruire cette armée innombrable de confesseurs dont les reliques, tirées pour la plupart des catacombes de Rome, ont rempli tant d’églises[1], et dont les aventures merveilleuses ont été le sujet de tant de romans sacrés[2]. Mais l’asser-

    leurs, de l’état de la religion sous Caracalla, Héliogabale, Alexandre Sévère et Philippe, qui n’avaient pas persécuté les chrétiens ; c’est sous le règne de ce dernier qu’Origène écrivit ses livres contre Celsus. (Note de l’Éditeur.)

  1. Si nous nous rappelons que tous les plébéiens de Rome n’étaient pas chrétiens, et que tous les chrétiens n’étaient par des saints et des martyrs, nous pourrons juger des honneurs religieux que méritent les os ou les urnes qui ont été tirés indifféremment des cimetières publics. Après dix siècles d’un commerce libre et ouvert, quelques soupçons se sont élevés parmi les catholiques instruits. Ils exigent maintenant, pour preuve de sainteté et de martyre, les lettres B. M., une fiole remplie de liqueur rouge, que l’on suppose être du sang, ou la figure d’un palmier. Mais les deux premiers signes sont de peu de poids ; et à l’égard du dernier, les critiques ont observé, 1o. que ce que l’on appelle la figure d’un palmier, pourrait bien être celle d’un cyprès. Peut-être aussi n’est-ce qu’un de ces points dont on se servait dans les inscriptions des tombeaux pour orner une virgule ; 2o. que le palmier était le symbole de la victoire chez les païens ; 3o. que parmi les chrétiens il était l’emblème, non-seulement du martyre, mais en général d’une résurrection glorieuse. Voy. la Lettre du P. Mabillon sur le culte des saints inconnus ; et Muratori, sopra le antichità italiane, Dissert. LVIII.
  2. Pour donner une idée de ces légendes, nous nous bornerons aux dix mille soldats chrétiens crucifiés dans un seul jour sur le mont Ararat, par ordre de Trajan ou