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vils d’entre les chrétiens, et particulièrement des esclaves, dont on estimait peu la vie, et dont les anciens contemplaient les maux avec trop d’indifférence[1]. Le savant Origène, qui avait étudié et qui connaissait par expérience l’histoire de l’Église, déclare dans les termes les plus formels, que le nombre des martyrs était peu considérable[2]. Son au-

    thentiques : sept de ses lettres le sont aussi. Eusèbe et saint Jérôme en font mention ; il en existe deux éditions ; dans l’une, les lettres sont plus longues, et plusieurs passages paraissent y avoir été interpolés : l’autre édition est celle qui renferme les véritables lettres de saint Ignace ; telle est du moins l’opinion des critiques les plus sages et les plus éclairés. (Voy. Lardner, Cred. of the gosp. hist., part. 2, t. I, p. 152 ; Less., Über die religion, t. I, p. 529) ; Usserii, Dissert. de Ignatii epistolis ; Pearson, Vindiciæ ignatianæ.) Il est à remarquer que ce fut sous le règne de Trajan que l’évêque Ignace fut amené d’Antioche à Rome, pour être livré aux lions dans l’amphithéâtre, l’an de Jésus-Christ 107, selon les uns, et 116 selon les autres. (Note de l’Éditeur.)

  1. Parmi les martyrs de Lyon (Eusèbe, l. V, c. 1) l’esclave Blandine est remarquable par les tourmens inouïs qu’on lui fit subir. Des cinq martyrs qui ont été célébrés dans les Actes de sainte Félicité et de sainte Perpétue, deux étaient esclaves, et il y en avait deux autres d’une très-basse condition.
  2. Origène, advers. Celsum, l. III, p. 116 : ses expressions méritent d’être transcrites :
    Ολιγοι κατα καιρους, και σφοδρα ευαριθμητοι περι των χριστιανων θεοσεβειας τεθνηκασι
    « Ceux qui sont morts pour la religion chrétienne sont en petit nombre, et faciles à compter (*). »
    (*) Il faut citer aussi les mots suivans : « Dieu ne permettant pas que toute cette classe d’hommes fût anéantie» ; ce qui semble indiquer qu’Origène ne trouvait le nombre des morts peu considérable qu’en le comparant au nombre de ceux qui avaient survécu : il parlait d’ail-