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famille. Des deux fils de Flavius-Sabinus[1] son oncle, l’aîné fut bientôt convaincu d’avoir eu intention de conspirer ; le plus jeune, nommé Flavius Clémens, dut quelque temps sa sûreté à son manque de courage et de talent[2]. L’empereur accorda d’abord sa faveur et sa protection à un parent si peu dangereux. Après lui avoir fait épouser sa propre nièce, Domitilla, il désigna pour ses successeurs au trône, les enfans nés de ce mariage. Leur père fut revêtu du consulat ; mais Clémens avait à peine fini le terme de sa magistrature annuelle, que, sur un léger prétexte, il fut condamné et exécuté. Domitilla fut reléguée dans une île déserte sur la côte de Campanie[3] ; et l’on décerna la peine de confiscation ou même de mort contre plusieurs personnes enveloppées dans la même accusation. Le crime qu’on leur reprochait était celui d’athéisme et de mœurs ju-

  1. Voyez la mort et le caractère de Sabinus dans Tacite (Hist. III, 74, 75). Sabinus était le frère aîné ; et jusqu’à l’avénement de Vespasien, on l’avait regardé comme le principal appui de la famille Flavienne.
  2. Flavium Clementem patruelem suum contemptissimæ inertiæ… ex tenuissima suspicione interemit. (Suétone, Vie de Domitien, c. 15.)
  3. L’île de Pandataria, selon Dion. Bruttius Præsens (ap. Euseb., III, 18) exile cette princesse dans celle de Pontia, qui n’en était pas très-éloignée. Cette différence, et une méprise ou d’Eusèbe ou de ses copistes, ont fait imaginer qu’il avait existé deux Domitilla, l’une femme, l’autre nièce de Clémens. Voy. Tillemont, Mém. ecclésiast., t. II, p. 224.