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rent dans toutes les parties de l’empire. Quoi de plus naturel que du temps d’Adrien, Tacite ait rapporté exclusivement à ces mêmes chrétiens un crime et une punition qu’il aurait pu attribuer avec bien plus de vérité et de justice à une secte dont la mémoire odieuse avait été presque anéantie[1] ?

4o. Quelque opinion que l’on puisse se former de cette conjecture (car nous ne donnons que comme une conjecture ce que nous venons d’avancer), il est évident que la cause et les effets de la persécution de Néron[2] ne s’étendirent pas au-delà de

  1. Cette conjecture est entièrement dénuée de vraisemblance, et même de possibilité. Tacite n’a pu se tromper en rapportant aux chrétiens de Rome un crime et une punition qu’il aurait pu attribuer, avec bien plus de vérité, aux partisans de Judas-le-Gaulonite ; car ces derniers n’allèrent jamais jusqu’à Rome. Leur révolte, leurs tentatives, leurs opinions, leurs guerres, leur châtiment, n’ont eu pour théâtre que la Judée. (Basnage, Hist. des Juifs, t. I, p. 491) D’ailleurs, le nom de chrétiens était donné depuis long-temps, à Rome, aux disciples de Jésus ; et Tacite l’affirme trop positivement, en rapporte trop clairement l’étymologie, pour qu’on puisse soupçonner une méprise de sa part. (Note de l’Éditeur.)
  2. Cette assertion est loin d’être évidente. Sulpice-Sévère parle d’édits rendus par Néron contre les chrétiens, postérieurement à l’incendie de Rome : Post etiam, datis legibus religio vetabatur palamque edictis propositis christianum esse non licebat (lib. II, c. 37). Nous n’avons aucune autorité qui prouve que ces persécutions ne s’étendirent pas au-delà de l’enceinte de Rome ; et rien n’affaiblit l’autorité d’Orose, qui dit expressément que Néron fit persécuter les