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attribué aux véritables Israélites, mais qu’il s’était élevé parmi eux une secte nouvelle et dangereuse de galiléens, capables des crimes les plus horribles. Sous le nom de galiléens, on confondait deux classes d’hommes bien différentes et entièrement opposées l’une à l’autre dans leurs mœurs et dans leurs principes : les disciples qui avaient embrassé la foi de Jésus de Nazareth[1], et les enthousiastes qui avaient suivi l’étendard de Judas-le-Gaulonite[2]. Les premiers étaient les amis, les autres les ennemis du genre humain ; et s’il se trouvait entre eux quelque ressemblance, elle consistait dans la même constance opiniâtre, qui les rendait insensibles aux supplices et à la mort, quand il s’agissait de défendre leur cause. Les partisans de Judas, qui avaient soufflé le feu de la rebellion parmi leurs compatriotes, furent bientôt ensevelis sous les ruines de Jérusalem, tandis que les disciples de Jésus-Christ, après avoir reçu le nom plus célèbre de chrétiens, se répandi-

  1. Le savant doct. Lardner (Témoignages Juifs et païens, vol. II, 102, 103) a prouvé que le nom de galiléens fut donné très-anciennement aux chrétiens, et que ce fut peut-être leur dénomination primitive.
  2. Josèphe, Antiq., XVIII, I, 2 ; Tillemont, Ruine des Juifs, p. 742. Les fils de Judas furent crucifiés du temps de Claude. Après la prise de Jérusalem, Éléazar, son petit-fils, défendit un château très-fort avec neuf cent soixante de ses compagnons les plus désespérés. Lorsque le bélier eut fait une brèche, ils massacrèrent leurs femmes et leurs enfans, et ils se percèrent enfin eux-mêmes. Ils périrent tous jusqu’au dernier.