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par la ruine de Jérusalem. Durant le long intervalle qui s’écoula entre la mort de Jésus-Christ et cette rebellion mémorable, nous ne découvrons aucune trace de l’intolérance des Romains, si ce n’est dans cette persécution subite, momentanée, mais cruelle, que souffrirent sous Néron les chrétiens de Rome, trente-cinq ans après le premier de ces grands événemens, et deux ans seulement avant le second. Le caractère de l’historien philosophe qui nous a transmis la connaissance de ce fait singulier, suffirait seul pour le rendre digne de toute notre attention.

Incendie de Rome sous le règne de Néron.

Dans la dixième année du règne de Néron, le feu ravagea la capitale de l’empire avec une fureur dont il n’y avait point encore eu d’exemple[1]. Les monumens des arts de la Grèce et des exploits du peuple romain, les trophées des guerres puniques et les dépouilles de la Gaule, les temples les plus sacrés et les plus superbes palais, furent enveloppés dans une destruction commune. Des quatorze quartiers que comprenait Rome, quatre seulement demeurèrent entiers, trois furent détruits de fond en comble, et les sept autres, après l’incendie, ne présentaient qu’un triste spectacle de ruines et de désolation. La vigilance du gouvernement semble n’avoir négligé aucun des moyens qui pouvaient apporter quelque consolation au milieu d’une calamité si terrible. Les

  1. Tacite, Annal. XV, 38-44 ; Suétone, Vie de Néron, c. 38 ; Dion-Cassius, l. LXII, p. 1014 ; Orose, VII, 7.