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point les principes qui inspiraient et qui autorisaient l’opiniâtreté inflexible des chrétiens dans la cause de la vérité ; ils ne découvraient en eux-mêmes aucun motif qui les eût portés à refuser une soumission légale, et pour ainsi dire naturelle, aux institutions sacrées de la patrie. La même raison qui rend leur conduite moins odieuse, contribua, selon toutes les apparences, à ralentir la rigueur de leurs persécutions. Comme ils étaient animés, non par le zèle furieux du fanatisme, mais par la politique modérée qui convenait à des législateurs, le mépris dut souvent relâcher, et l’humanité suspendre l’exécution des lois qu’ils avaient établies contre les humbles et obscurs disciples de Jésus-Christ. Si l’on considère en général le caractère et les motifs des empereurs, on conclura naturellement, 1o qu’il dut s’écouler un temps considérable avant que la nouvelle secte leur parût un objet digne de l’attention du gouvernement ; 2o qu’ils agirent avec précaution et avec répugnance, quand il fut question de condamner ceux de leurs sujets qui avaient été accusés d’un crime si extraordinaire ; 3o qu’ils furent modérés en infligeant des punitions ; 4o que l’Église affligée goûta plusieurs intervalles de paix et de tranquillité. Quoique les auteurs païens, qui ont traité l’histoire de leur temps avec le plus d’étendue et avec les plus grands détails, aient montré une extrême indifférence pour les affaires des chrétiens[1], nous pouvons encore

  1. Dans les mélanges qui forment la compilation connue