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exclusif de leur culte religieux un prédicateur obscur, qui, dans un siècle moderne et chez un peuple barbare, avait été victime de la méchanceté de ses compatriotes ou des soupçons du gouvernement romain. La multitude des idolâtres, sensible seulement aux avantages temporels, rejetait le présent inestimable de la vie et de l’immortalité que Jésus de Nazareth offrait au genre humain. Ces hommes charnels le voyaient sans renommée, sans empire, sans succès : et ils ne pensaient pas que de pareilles privations fussent compensées par sa constance et par sa douceur au milieu des maux cruels qu’il avait soufferts volontairement, par sa bienveillance universelle, par la simplicité sublime de ses actions et de son caractère ; et en même temps qu’ils refusaient de reconnaître le triomphe étonnant du divin auteur de la vraie religion sur les puissances des ténèbres et du tombeau, ils représentaient, sous de fausses couleurs ou avec dérision, sa naissance équivoque, sa vie errante, et sa mort ignominieuse[1].

L’union et les assemblées des chrétiens regardées comme une conspiration dangereuse.

Un chrétien, en préférant ainsi ses sentimens particuliers à la religion nationale, commettait un crime personnel qu’aggravaient l’union et le nombre des

  1. Dans le premier et le second livre d’Origène, Celsus parle avec l’irrévérence la plus impie, de la naissance et du caractère de notre Sauveur. L’orateur Libanius loue Porphyre et Julien de ce qu’ils ont réfuté les extravagances d’une secte, qui donnait à un homme mort de la Palestine, les noms de Dieu et de Fils de Dieu. Socrate, Hist. ecclés., III, 23.