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préjugés du genre humain comme la règle de la vérité ; mais ils croyaient que ces préjugés tenaient à la disposition primitive de notre nature ; et, selon eux, toute forme de foi et de culte qui, faite pour le peuple, prétendait n’avoir pas besoin de l’assistance des sens, devait, à mesure qu’elle s’éloignait de la superstition, devenir plus incapable de réprimer les écarts de l’imagination et les visions du fanatisme. Le coup d’œil d’indifférence que les gens d’esprit et les savans daignaient jeter sur la révélation chrétienne, ne servait qu’à les confirmer dans cette opinion précipitée ; ils se persuadaient que le principe d’unité divine, qui aurait pu leur inspirer de la vénération, s’y trouvait dégradé par l’enthousiasme extravagant des nouveaux sectaires, et anéanti par leurs spéculations chimériques. Dans un célèbre dialogue attribué à Lucien, on affecte de tourner en ridicule et de traiter avec mépris le dogme mystérieux de la Trinité. Cet ouvrage prouve combien l’auteur connaissait peu la faiblesse de la raison humaine et la nature impénétrable des perfections divines[1].

    sance du vrai Dieu, et il est dangereux de publier cette découverte. Voyez la Théologie des philosophes, par l’abbé d’Olivet, dans sa traduction de la Nature des dieux, t. I, p. 275.

  1. L’auteur du Philopatris parle perpétuellement des chrétiens comme d’une société d’enthousiastes visionnaires, δαιμονιοι, αιθεριοι, αιθεροβατο‌υντες, αεροβατο‌υντες, etc. Il y a un passage où il fait évidemment allusion à la vision dans la-