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le reste du genre humain. Ni la violence d’Antiochus, ni les artifices d’Hérode, ni l’exemple des nations circonvoisines ne purent jamais engager les Juifs à joindre aux institutions de Moïse la mythologie élégante des Grecs[1]. Les Romains, attachés aux maximes d’une tolérance universelle, protégèrent une superstition qu’ils méprisaient[2]. Auguste, si rempli de condescendance envers tous les sujets de son empire, daigna ordonner que l’on offrît des prières pour la prospérité de son règne dans le temple de Jérusalem[3] ; tandis que le dernier des enfans d’Abraham serait devenu un objet d’horreur à ses propres yeux et à ceux de ses frères, s’il eût rendu le même hommage au Jupiter du Capitole.

    avons des ouvrages de Moïse ; mais le sage, l’humain Maimonide, enseigne ouvertement que si un idolâtre tombe dans l’eau, un Juif ne doit point l’empêcher de mourir. Voyez Basnage, Histoire des Juifs, livre VI, c. 28.

  1. Il parut, pendant quelque temps, parmi eux une secte dans laquelle on pouvait remarquer une sorte de conformité entre les dogmes des deux religions. Ces Juifs furent appelés Hérodiens, du nom d’Hérode, dont l’autorité et l’exemple les avaient entraînés ; mais leur nombre était si peu considérable, et la durée de cette secte fut si courte, que Josèphe ne l’a pas jugée digne de son attention. Voyez Prideaux, vol. II, p. 285.
  2. Cicéron, pro Flacco, c. 23.
  3. Philon, De legatione. Auguste fonda un sacrifice perpétuel. Il approuva cependant le peu d’égards que Caïus, son petit-fils, marqua pour le temple de Jérusalem. Voyez Suétone, Vie d’Auguste, c. 93, et les notes de Casaubon sur ce passage.