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l’opinion que la loi leur défendait de payer des taxes à un maître idolâtre ; et ils avaient puisé dans leurs anciens oracles l’espérance flatteuse qu’il s’élèverait bientôt un Messie conquérant, envoyé pour briser leurs chaînes, et pour donner aux favoris du ciel l’empire de la terre. Ce fut en s’annonçant comme le libérateur si long-temps attendu, et en exhortant tous les descendans d’Abraham à soutenir l’espoir d’Israël, que le fameux Barchochebas trouva le moyen de rassembler une armée formidable, avec laquelle il résista pendant deux ans à la puissance de l’empereur Adrien[1].

La religion juive tolérée.

Malgré tant d’insultes réitérées, le ressentiment des princes romains ne s’étendit point au-delà de leurs victoires ; et leurs alarmes se dissipèrent avec la guerre et les dangers. L’indulgence générale du polythéisme, et la douceur naturelle d’Antonin-le-Pieux, rendirent aux Juifs leurs anciens priviléges. Ils obtinrent encore une fois la liberté de circoncire leurs enfans. On leur imposa seulement la condition facile de ne jamais conférer à un prosélyte étranger

    sèphe, on peut voir dans Dion (l. LXIX, p. 1162), que durant la guerre d’Adrien, cinq cent quatre-vingt mille Juifs périrent par l’épée, outre une multitude innombrable qui fut emportée par la famine, par les maladies et par le feu.

  1. Pour la secte des zélateurs, voyez Basnage, Hist. des Juifs, l. I, c. 17 ; pour le caractère du Messie, selon les rabbins, l. V, c. 11, 12, 13 ; pour les actions de Barchochebas, l. VII, c. 12.