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d’aigrir l’esprit des conquérans, et d’autoriser la persécution religieuse par les argumens les plus spécieux de justice, de politique et de sûreté publique. Depuis le règne de Néron jusqu’à celui d’Antonin-le-Pieux, les Juifs ne supportèrent la domination de Rome qu’avec une violente impatience qui les précipita dans de fréquentes révoltes, et produisit souvent les plus furieux massacres. L’humanité est révoltée au récit des cruautés horribles qu’ils commirent dans les villes d’Égypte, de Chypre et de Cyrène, où, sous le voile d’une amitié perfide, ils abusèrent de la confiance des habitans[1] ; et nous sommes tentés d’applaudir à la vengeance sévère que les armes des légions tirèrent d’une race de fanatiques qu’une superstition barbare et crédule semblait rendre les ennemis implacables, non-seulement du gouvernement de Rome, mais encore de tout le genre humain[2]. L’enthousiasme des Juifs avait pour base

  1. Dans Cyrène ils massacrèrent deux cent vingt mille Grecs, deux cent quarante mille dans l’île de Chypre, et en Égypte une très-grande multitude d’habitans. La plupart de ces malheureuses victimes furent sciées en deux, conformément à l’exemple que David avait autorisé par sa conduite. Les Juifs victorieux dévoraient les membres, léchaient le sang, et enlaçaient les entrailles autour de leur corps en forme de ceinture. Voyez Dion-Cassius, l. LXVIII, p. 1145 (*).
    (*) Plusieurs commentateurs, entre autres Reimarus, dans ses notes sur Dion Cassius, pensent que la haine des Romains contre les Juifs a porté l’historien à exagérer les cruautés que ces derniers avaient commises. (Dion Cass., l. LXVIII, p. 1146.) (Note de l’Éditeur.)
  2. Sans parler des faits bien connus rapportés par Jo-