Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pitre particulier aux éclipses d’une nature extraordinaire, et dont la durée avait été peu commune[1] ; mais il n’y parle que de ce singulier obscurcissement

    scurcissement du soleil arrivait rarement en Palestine, où, dans le milieu d’avril, le ciel était ordinairement pur, il prit aux yeux des Juifs et des chrétiens un caractère d’importance conforme, d’ailleurs, à l’idée reçue parmi eux, que le soleil se cachant à midi, était un présage sinistre. (Voyez Amos., c. 8, v. 9 et 10.) Le mot σκοτος est pris souvent dans ce sens par les écrivains contemporains ; l’Apocalypse dit εσκοτισθη ο ηλιος, le soleil fut caché, en parlant d’un obscurcissement causé par la fumée et la poussière. (Ap., c. 9, v. 2.) D’ailleurs, le mot hébreu ophel, qui, dans les Septante, répond au mot grec σκοτος, désigne une obscurité quelconque ; et les Évangélistes, qui ont modelé le sens de leurs expressions sur celui des expressions des Septante, ont dû lui donner la même latitude. Cet obscurcissement du ciel précède ordinairement les tremblemens de terre. (Saint Matth., c. 27, v. 51.) Les auteurs païens nous en offrent une foule d’exemples, dont on donnait dans le temps une explication miraculeuse. (Voyez Ovid., l. II, v. 33 ; l. XV, v. 785 ; Pline, Hist. natur., l. II, c. 30.) Wetstein a rassemblé tous ces exemples dans son édition du Nouveau-Testament, t. I, p. 537.

    On peut donc ne pas s’étonner du silence des auteurs païens sur un phénomène qui ne s’étendit pas au-delà de Jérusalem, et qui pouvait n’avoir rien de contraire aux lois de la nature, bien que les chrétiens et les Juifs dussent le regarder comme d’un sinistre présage. (Voyez Michaelis, Notes sur le Nouveau-Testament, tom. I, p. 290 ; Paulus, Commentaire sur le Nouveau-Testament, tom. II, p. 762.) (Note de l’Éditeur.)

  1. Pline, Hist. nat., II, 30.