Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.

différentes sectes qui s’élevèrent contre les successeurs des apôtres. « Ils osent altérer les saintes Écritures ; ils osent abandonner l’ancienne règle de la foi, et former leurs opinions sur les préceptes subtils de la logique. Ils négligent la science de l’Église pour l’étude de la géométrie, et ils perdent le ciel de vue, s’occupant à mesurer la terre. Euclide est perpétuellement dans leurs mains ; Aristote et Théophraste sont les objets de leur admiration ; et les ouvrages de Gallien leur inspirent une vénération extraordinaire. L’abus des arts et des sciences des gentils est la source de leurs erreurs ; ils corrompent la simplicité de l’Évangile, en y mêlant les raffinemens de la raison humaine »[1].

Relativement au rang et à la fortune.

On ne peut pas dire non plus que les avantages de la naissance ou de la fortune aient toujours été séparés de la profession du christianisme. Plusieurs citoyens romains furent amenés devant le tribunal de Pline, et il découvrit bientôt que, dans la Bithynie, une foule de personnes, de tout état, avaient abandonné la religion de leurs ancêtres[2]. Ce témoignage, qui ne peut être suspect, est ici d’un plus grand poids que le défi téméraire de Tertullien,

  1. Eusèbe, v. 28. On peut espérer que les hérétiques seuls donnèrent lieu à ce reproche de Celsus (ap. Origen., l. II, p. 77), que les chrétiens étaient continuellement occupés à corriger et à altérer leurs Évangiles.
  2. Pline, Lettre X, 97. Fuerunt alii similis amentiæ, cives Romani … Multi enim omnis ætatis, omnis ordinis, utriusque sexûs, etiam vocantur in periculum et vocabuntur.