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nation des Assyriens et des Perses, avaient langui pendant plusieurs siècles au rang des plus vils

    se conformer à la religion du pays, de la défendre et de la faire respecter. Une loi expresse y punissait sévèrement tout discours contre les dieux, et un décret rigoureux ordonnait de dénoncer quiconque oserait nier leur existence. » — « La pratique y répondait à la sévérité de la législation. Les procédures commencées contre Protagoras, la tête de Diagore mise à prix, le danger d’Alcibiade, Aristote obligé de fuir, Stilpon banni, Anaxagore échappant avec peine à la mort, Périclès lui-même, après tant de services rendus à sa patrie et tant de gloire acquise, contraint de paraître devant les tribunaux et de s’y défendre… une prêtresse exécutée pour avoir introduit des dieux étrangers ; Socrate condamné et buvant la ciguë, parce qu’on lui reprochait de ne point reconnaître ceux du pays, etc. Ces faits attestent trop hautement l’intolérance sur le culte, même chez le peuple le plus humain et le plus éclairé de la Grèce, pour qu’on puisse la révoquer en doute. » Lettres de quelques Juifs portugais à M. de Voltaire, t. I, p. 273.
    4oLes Romains. « Les lois de Rome n’étaient ni moins expresses ni moins sévères. L’intolérance des cultes étrangers remontait, chez les Romains, jusqu’aux lois des Douze Tables ; les défenses furent renouvelées depuis à plusieurs reprises. L’intolérance ne discontinua point sous les empereurs ; témoin les conseils de Mécène à Auguste : (Ces conseils sont si remarquables que je crois devoir les insérer en entier.) « Honorez vous-même, dit Mécène à Auguste, honorez soigneusement les dieux selon les usages de nos pères, et forcez (αναγκαζε) les autres à les honorer. Haïssez et punissez les fauteurs des religions étrangères (Τους δε δη ξενιζοντας… μισει και κολαζε), non-seulement à cause des dieux (qui les méprise, ne respecte personne) ; mais parce