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mes, quelles que soient leurs dénominations ou leurs mœurs distinctives, quelle que puisse être leur ignorance des arts ou de l’agriculture ; soit qu’ils habitent sous des tentes, ou qu’ils errent dans des chariots couverts, chez lesquels on n’ait offert, au nom de Jésus crucifié, des prières au Père et au Créateur de toutes choses[1]. » Cette exagération pompeuse, que même à présent il serait bien difficile de concilier avec l’état réel du genre humain, doit être regardée comme la saillie d’un écrivain pieux, mais peu exact, qui réglait sa croyance sur ses désirs. Mais ni la croyance ni le désir des pères ne sauraient altérer la vérité de l’histoire ; il sera toujours incontestable que les Barbares de la Scythie et de la Germanie, qui renversèrent la monarchie romaine, étaient plongés dans les ténèbres du paganisme, et que même en Ibérie, en Arménie et en Éthiopie, la religion n’eut des succès marqués, que quand le sceptre fut entre les mains d’un empereur orthodoxe[2]. Avant cette époque, la guerre ou le commerce pouvait bien avoir répandu une connaissance imparfaite de l’Évangile parmi les tribus de la

  1. Saint Justin martyr, Dialog. cum Tryphon., p. 341 ; saint Irenée, advers. hæres., l. I, c. 10 ; Tertullien, advers. Jud., c. 7 ; voyez Mosheim, p. 203.
  2. Voyez le quatrième siècle de l’Histoire de l’Église, de Mosheim. On peut trouver dans Moïse de Chorène plusieurs circonstances, à la vérité très-confuses, qui ont rapport à la conversion de l’Ibérie et de l’Arménie, l. II, c. 78-89.