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que la théologie chrétienne semble avoir pris une forme régulière et scientifique ; lorsque Adrien visita l’Égypte, il y trouva une Église composée de Juifs et de Grecs, et assez importante pour attirer l’attention de ce prince curieux[1]. Mais pendant long-temps les progrès du christianisme ne s’étendirent pas au-delà des limites d’une seule ville, qui était elle-même une colonie étrangère ; et jusque vers la fin du second siècle, les prédécesseurs de Démétrius ont été les seuls prélats de l’Église égyptienne. Trois évêques furent consacrés par la main de Démétrius ; Héraclas, son successeur, en porta le nombre jusqu’à vingt[2]. Les naturels du pays, peuple remarquable par une farouche inflexibilité de caractère[3], re-

    de Philon, qui fait connaître les thérapeutes. En prouvant qu’il fut composé dès le temps d’Auguste, Basnage a démontré, en dépit d’Eusèbe (l. II, c. 17), et d’une foule de catholiques modernes, que les thérapeutes n’étaient ni chrétiens ni moines. Il reste encore probable qu’après avoir changé de nom, ils conservèrent leurs mœurs, qu’ils adoptèrent quelques nouveaux articles de foi, et qu’ils devinrent insensiblement les fondateurs des ascétiques égyptiens.

  1. Voyez une lettre d’Adrien dans l’Histoire Auguste, p. 245.
  2. Pour la succession des évêques d’Alexandrie, voyez l’Histoire de Renaudot, p. 24, etc. Cette particularité curieuse est conservée par le patriarche Eutychius (Annal., tom. I, p. 334, vers. Pocock), et l’évidence intérieure de ce fait suffirait seule pour répondre à toutes les objections qui ont été avancées par l’évêque Pearson dans les Vindiciæ ignatianæ.
  3. Ammien Marcellin, XXII, 16.