Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 3.djvu/127

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ni de plus illustre que celle de Damas, de Bœrée ou Alep et d’Antioche. L’introduction prophétique de l’Apocalypse a décrit et immortalisé les sept Églises de l’Asie, Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire[1], Sardes, Laodicée et Philadelphie ; leurs colonies se répandirent bientôt dans ce pays si peuplé. Dès les premiers temps, les îles de Crète et de Chypre, les provinces de Thrace et de Macédoine, avaient favorablement accueilli la nouvelle religion ; bientôt les villes de Corinthe, de Sparte et d’Athènes[2] virent s’élever dans leur sein des républiques chrétiennes. Comme la fondation des Églises grecques et asiatiques remonte à une époque très-reculée, elles eurent tout le temps nécessaire pour leur accroissement et pour leur multiplication ; et même les essaims de gnostiques et d’autres hérétiques qui en sortirent, servent à montrer l’état florissant de l’Église orthodoxe, puisque la dénomination d’hérétique a toujours été appliquée au parti le moins nombreux. À ces témoignages rendus par les fidèles, nous pou-

  1. Les alogiens (saint Épiphane, De hæres., 51) attaquaient la vérité de l’Apocalypse, parce que l’Église de Thyatire n’était pas encore fondée. Saint Épiphane, qui convient du fait, se débarrasse de la difficulté par la supposition ingénieuse que saint Jean écrivait avec l’esprit de prophétie. Voyez Abauzit, Discours sur l’Apocalypse.
  2. Les Épîtres de saint Ignace et de Denys (ap. Euseb., IV, 23) désignent un grand nombre d’Églises dans la Grèce et en Asie. Celle d’Athènes semble avoir été une des moins florissantes.