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courage par l’union, dirigea leurs armes, et donna à leurs efforts cette impétuosité irrésistible, qui a souvent rendu une petite bande de volontaires intrépides et bien disciplinés victorieuse d’une multitude confuse et indifférente sur l’événement d’une guerre dont elle ignore le sujet. [Faiblesse du polythéisme.]Dans les différentes religions du polythéisme, quelques fanatiques errans de l’Égypte et de la Syrie, occupés à surprendre la superstition crédule de la populace, formaient peut-être le seul ordre de prêtres[1] qui tirassent toute leur existence, toute leur considération de l’état sacerdotal, et qui fussent sensiblement touchés d’un intérêt personnel pour la sûreté ou pour la prospérité de leurs divinités tutélaires. Les ministres du polythéisme à Rome et dans les principales provinces, étaient, pour la plupart, des citoyens d’une naissance illustre et d’une fortune honnête ; ils acceptaient, comme une distinction honorable, l’office de grand-prêtre dans un temple célèbre ou dans quelque sacrifice public. Souvent ils solennisaient les jeux sacrés[2] à leurs propres dépens, et ils célébraient

  1. Les artifices, les mœurs et les vices des prêtres de la déesse syrienne, sont très-agréablement dépeints par Apulée dans le huitième livre de ses Métamorphoses.
  2. L’office d’asiarque était de cette espèce. Il en est fait souvent mention dans Aristide, dans les inscriptions, etc. Cette dignité était annuelle et élective. Il n’y avait que le plus vain des citoyens qui pût désirer cet honneur : le plus opulent pouvait seul en supporter la dépense. Voyez dans les Patres apostol. (tom. 2, p. 200), avec quelle indifférence