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et dont l’appareil imposant devait en même temps empêcher les spectateurs d’imiter son exemple. Humilié par une confession publique, macéré par les jeûnes, couvert d’un sac, le pénitent se tenait prosterné à l’entrée de l’assemblée. [Pénitence publique.]Là, il implorait, les larmes aux yeux, le pardon de ses offenses, et sollicitait les prières des fidèles[1] : si la faute était très-grave, des années entières de pénitence ne paraissaient pas une satisfaction proportionnée à la justice divine. Le pécheur, l’hérétique ou l’apostat, n’étaient admis de nouveau dans le sein de l’Église qu’après avoir passé par des épreuves lentes et pénibles. On réservait cependant la sentence d’excommunication perpétuelle pour les crimes énormes, et surtout pour les rechutes inexcusables de ces pénitens, qui, ayant déjà éprouvé la clémence de leurs supérieurs ecclésiastiques, en avaient abusé. Les évêques, maîtres absolus de la discipline chrétienne, l’exerçaient diversement, selon les circonstances du crime, ou selon le nombre des coupables. Les conciles d’Ancyre et d’Elvire furent tenus à peu près dans le même temps, le premier en Galatie, l’autre en Espagne ; mais l’esprit de leurs canons respectifs, qui existent encore aujourd’hui, semble bien différent. Le Galate qui, après son baptême, avait plus d’une fois sacrifié aux idoles, obtenait son pardon par une pénitence

  1. Cave, Christianisme primitif, part. III, c. 5. Les admirateurs de l’antiquité regrettent la perte de cette pénitence publique.