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quelque mérite en se détachant des trésors superflus qui devaient bientôt périr avec le monde lui-même[1]. Il n’est pas nécessaire de remarquer que le revenu incertain et si peu assuré de chaque église particulière devait varier en raison de la pauvreté ou de l’opulence des fidèles, selon qu’ils étaient dispersés dans d’obscurs villages, ou rassemblés dans les grandes villes de l’empire. Du temps de l’empereur Dèce, l’opinion des magistrats était que les chrétiens de Rome possédaient des richesses considérables ; que dans leur culte religieux ils se servaient de vases d’or et d’argent ; et que plusieurs de leurs prosélytes avaient vendu leurs terres et leurs maisons pour augmenter les fonds publics de la société, aux dépens, à la vérité, de leurs malheureux enfans, qui se trouvaient réduits à la mendicité, parce que leurs pères avaient été des saints[2]. En

    autant au-dessus des rois que l’âme est au-dessus du corps. Parmi les objets sur lesquels on levait la dîme, elles comptent le blé, le vin, l’huile et la laine. Voyez sur ce sujet intéressant, Prideaux, Histoire des dîmes, et Fra-Paolo, Delle materie beneficiarie : deux écrivains d’un caractère très-différent.

  1. La même opinion qui prévalut vers l’année 1000, produisit des effets semblables. Dans la plupart des donations, le motif est exprimé : appropinquante mundi fine. Voyez Mosheim, Histoire générale de l’Église, vol. I, page 457.
  2. Tum summa cura est fratribus,
    (Ut sermo testatur loquax.)
    Offerre, fundis venditis,
    Sestertiorum millia.