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Religion.

Le système religieux des Germains, si l’on peut donner ce nom aux opinions grossières d’une nation sauvage, avait pour principe leurs besoins, leurs craintes et leur ignorance[1]. Ils adoraient des objets visibles et les grands agens de la nature : le Soleil et la Lune, la Terre et le Feu. Ils avaient en même temps imaginé des divinités qui présidaient, selon eux, aux occupations les plus importantes de la vie humaine. Ces Barbares croyaient pouvoir découvrir la volonté des êtres supérieurs par quelques pratiques ridicules de divination ; et le sang des hommes qu’ils immolaient au pied des autels de leurs dieux, leur paraissait l’offrande la plus précieuse et la plus agréable. On s’est trop empressé d’applaudir à leurs notions sur la divinité qu’ils ne renfermaient pas dans l’enceinte d’un temple, et qu’ils ne représentaient sous aucune forme humaine. Rappelons-nous que les Germains n’avaient pas la moindre idée de la sculpture, et qu’ils connaissaient à peine l’art de bâtir ; il nous sera facile d’assigner le véritable motif d’un culte qui venait bien moins d’une supériorité de raison que d’un manque d’industrie. Des bois antiques, consacrés par la vénération des siècles, étaient

  1. Tacite a traité cet obscur sujet en peu de mots, et Cluvier en cent vingt-quatre pages. Le premier aperçoit en Germanie les dieux de la Grèce et de Rome ; l’autre assure positivement que, sous les emblèmes du soleil, de la lune et du feu, ses pieux ancêtres adoraient la Trinité dans l’unité.