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de sang, et le parti le plus nombreux forcé de céder à la faction la plus séditieuse[1] !

Autorité des princes et des magistrats.

Lorsqu’une tribu avait à redouter quelque invasion, elle se choisissait un général. Si le danger devenait plus pressant, et qu’il menaçât l’état entier, plusieurs tribus concouraient à l’élection du même général. C’était au guerrier le plus brave que l’on confiait le soin important de mener ses compatriotes sur le champ de bataille. Il devait leur donner l’exemple plutôt que des ordres ; mais cette autorité, quoique bornée, était toujours suspecte ; elle expirait avec la guerre ; et en temps de paix les Germains ne reconnaissaient aucun chef suprême[2]. L’assemblée générale nommait cependant des princes pour administrer la justice, ou plutôt pour accommoder les différends[3] dans leurs districts respectifs. En choisissant ces magistrats, on avait autant égard à la naissance qu’au mérite[4]. La nation leur accordait à chacun une garde et un conseil de cent personnes. Il paraît que le premier d’entre eux jouissait, pour le rang et pour les honneurs, d’une prééminence

  1. Souvent même, dans l’ancien parlement d’Angleterre, les barons emportaient une question, moins par le nombre des voix que par celui de leurs suivans armés.
  2. César, De bell. gall., VI, 23.
  3. Minuunt controversias ; expression très-heureuse de César.
  4. Reges ex nobilitate, duces ex virtute sumunt. Tacite, Germ., 7.