Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’autorité des rois, sans avoir abandonné les droits de l’homme[1]; mais dans presque toute la Germanie, la forme du gouvernement était une démocratie, tempérée, il est vrai, et modérée moins par des lois générales et positives que par l’ascendant momentané de la naissance ou de la valeur, de l’éloquence ou de la superstition[2].

Assemblées du peuple.

Les gouvernemens civils ne sont, dans leur première origine, que des associations volontaires formées pour la sûreté commune : pour parvenir à ce but désiré, il est absolument nécessaire que chaque individu se croie essentiellement obligé de soumettre ses opinions et ses actions particulières au jugement du plus grand nombre de ses associés. Les Germains se contentèrent de cette ébauche informe, mais hardie, de la société politique. Dès qu’un jeune homme, né de parens libres, avait atteint l’âge viril, on l’introduisait dans le conseil général de la nation, on lui donnait solennellement la lance et le bouclier. Il prenait aussitôt place parmi ses compatriotes, et devenait un membre de la république militaire, égal en droit à tous les autres. Les guerriers de la tribu s’assemblaient en de certains temps fixes, ou dans des occasions extraordinaires. L’administration de la justice, l’élection des magistrats et les grands intérêts de la guerre et de la paix, se décidaient par le suffrage libre de tous les citoyens. À la vérité un

  1. Tacite, Germ., c. 43.
  2. Id., c. 11, 12, 13, etc.