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Ils affectaient de mépriser les ouvrages de l’industrie romaine : toutes ces enceintes redoutables leur paraissaient plutôt une prison qu’un lieu de sûreté[1]. Leurs maisons isolées ne formaient aucun village régulier[2]. Chaque sauvage fixait ses foyers indépendans sur le terrain auquel un bois, un champ, une fontaine, l’engageaient à donner la préférence. Là on n’employait ni pierres, ni briques, ni tuiles[3]. Toutes ces habitations n’étaient réellement que des huttes peu élevées, de figure circulaire, construites en bois qui n’avait point été façonné, couvertes de chaume et percées vers le haut pour laisser un passage libre à la fumée. Dans l’hiver, le Germain n’avait pour se garantir du froid le plus rigoureux qu’un léger manteau fait de la peau de quelque animal. Les tribus du Nord portaient des fourrures, et les fem-

  1. Lorsque les Germains ordonnèrent aux Ubiens, habitans de Cologne, de secouer le joug des Romains, et de reprendre, avec leur nouvelle liberté, leurs anciennes mœurs, ils exigèrent d’eux qu’ils démoliraient immédiatement les murailles de la colonie. Postulamus à vobis, muros coloniæ, munimenta servilii detrahatis ; etiam fera animalia, si clausa teneas, virtutis obliviscuntir. (Tacite, Hist., IV, 64.)
  2. Les maisons dispersées, qui forment un village en Silésie, s’étendent sur une longueur de plusieurs milles. Voyez Cluvier, l. I, c. 13.
  3. Cent quarante ans après Tacite, quelques bâtimens plus réguliers furent construits près les bords du Rhin et du Danube. (Hérodien, l. VII, p. 234.)