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déserts de la Tartarie[1] vous montrer, dans un fils de Japhet, la tige d’où sont sortis ses ancêtres. Le dernier siècle a produit une foule de savans d’une érudition profonde et d’un esprit crédule qui, guidés par la lueur incertaine des légendes, des traditions, des conjectures et des étymologies, ont conduit les enfans et les petits-fils de Noé, depuis la tour de Babel jusqu’aux extrémités de la terre. De tous ces critiques si judicieux, celui qui mérite le plus d’être remarque, est Olaus-Rudbek, professeur de l’université d’Upsal[2]. Ce zélé citoyen fait de son pays natal le théâtre de toutes les merveilles que la fable et l’histoire ont célébrées. C’est de la Suède que les Grecs ont tiré leur alphabet, leur astronomie, leur religion. La Suède était, selon lui, une contrée délicieuse dont l’Atlantique de Platon, le pays des Hyperboréens, les îles Fortunées, le jardin des Hespérides, et même les champs Élysées, ne nous ont donné qu’une idée imparfaite. Un cli-

    cette grande entreprise, la conduite déréglée de sa femme le rendit très-malheureux dans sa vie domestique, et l’irrita à un tel point, qu’il tua un lévrier qu’elle aimait beaucoup. Selon la remarque judicieuse du savant historien, ce fut le premier exemple de fausseté et d’infidélité parmi les femmes, que l’on vit alors en Irlande.

  1. Histoire généalogique des Tartares, par Abulghazi Bahadur Khan.
  2. Son ouvrage, qui a pour titre, Atlantica, est singulièrement rare. Bayle en a donné deux extraits fort curieux. (Rép. des lettres, janvier et février 1685).