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dans toutes les villes de l’Italie, ensuite de l’Afrique. En vertu de ce règlement, on devait donner un se-

    defroy a formé une conjecture plus heureuse, et appuyée sur toutes les circonstances historiques dont cet édit fut environné. Il fut rendu, le 12 mai de l’an 315, à Naissus, lieu de la naissance de Constantin, en Pannonie. Le 8 octobre de cette année, Constantin gagna la bataille de Cibalis contre Licinius. Il était encore dans l’incertitude sur le sort de ses armes : les chrétiens, qu’il favorisait, lui avaient sans doute prédit la victoire. Lactance, alors précepteur de Crispus, venait d’écrire son ouvrage sur le christianisme (Libros divinarum institutionum) ; il l’avait dédié à Constantin : il s’y était élevé avec une grande force contre l’infanticide et l’exposition des enfans (Div. inst., l. 6, c. 20). N’est-il pas vraisemblable que Constantin avait lu cet ouvrage, qu’il en avait causé avec Lactance, qu’il fut touché, entre autres choses, du passage que je viens d’indiquer, et que, dans le premier mouvement de son enthousiasme, il rendit l’édit dont nous parlons ? Tout porte dans cet édit le caractère de la précipitation, de l’entraînement, plutôt que d’une délibération réfléchie ; l’étendue des promesses, l’indétermination des moyens, celle des conditions, du temps pendant lequel les parens auront droit aux secours de l’état. N’y a-t-il pas lieu de croire que l’humanité de Constantin fut excitée par l’influence de Lactance et par celle des principes du christianisme et des chrétiens eux-mêmes, déjà fort en crédit auprès de l’empereur, plutôt que par quelques exemples frappans de désespoir ? Cette supposition est d’autant plus gratuite, que de pareils exemples ne pouvaient être nouveaux, et que Constantin, alors éloigné de l’Italie, ne pouvait que difficilement en être frappé. Voyez Hegewisch, Essai historique sur les finances romaines, p. 378.

    L’édit pour l’Afrique ne fut rendu qu’en 322 : c’est de