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teur avantageuse, d’où, pendant la chaleur de l’action, ils tombèrent sur l’arrière-garde de l’ennemi et en firent un grand carnage. Cependant les légions de Licinius, présentant un double front, conservèrent toujours le terrain, jusqu’à ce que la nuit mît fin au combat, et favorisât leur retraite vers les montagnes de la Macédoine[1]. La perte de deux batailles et de ses plus braves vétérans força l’esprit altier de Licinius à demander la paix. Mistrianus, son ambassadeur, admis à l’audience de Constantin, s’étendit sur ces maximes générales de modération et d’humanité, si familières à l’éloquence des vaincus. Il représenta, dans les termes les plus insinuans, que l’événement de la guerre était encore douteux, et que ses calamités inévitables entraîneraient la ruine des deux partis, et finit en disant, qu’il était autorisé par les deux empereurs ses maîtres, à proposer une paix solide et honorable. Ce fut avec mépris et indignation que Constantin l’entendit faire mention de Valens. (Nous ne sommes pas venus, répliqua-t-il fièrement, des bords de l’Océan occidental ; nous n’avons pas parcouru d’immenses contrées en livrant tant de combats, en remportant un si grand nombre de victoires, pour couronner un vil esclave, après avoir puni un parent ingrat. L’abdica-

  1. Zosime (l. II, p. 92, 98), l’anonyme de Valois, p. 713. Les Épitomés fournissent quelques faits ; mais ils confondent souvent les deux guerres entre Licinius et Constantin.