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l’Afrique devait former le département du nouveau prince dans l’empire ; mais l’accomplissement de la promesse souffrit tant de délais, ou fut accompagné de conditions si peu avantageuses, que la fidélité de Bassianus fut plutôt ébranlée qu’affermie par la distinction honorable qu’il avait obtenue. Licinius avait ratifié son élection. Ce prince artificieux trouva bientôt, pas ses émissaires, le moyen d’entretenir une correspondance secrète et dangereuse avec le nouveau César, d’irriter ses mécontentemens, et de le porter au projet téméraire d’arracher par la violence ce qu’il attendait en vain de la justice de l’empereur. Mais le vigilant Constantin découvrit le complot avant que toutes les mesures eussent été prises pour l’exécuter. Aussitôt, renonçant solennellement à l’alliance de Bassianus, il le dépouilla de la pourpre et lui infligea la peine que méritaient sa trahison et son ingratitude. Lorsqu’on vint demander à Licinius la restitution des criminels qui avaient cherché un asile dans ses états, son refus altier confirma les soupçons que l’on avait déjà de sa perfidie ; et les indignités commises à Æmone, sur les frontières de l’Italie, contre les statues de Constantin, devinrent le signal de la discorde entre les deux princes[1].

  1. La position d’Æmone, aujourd’hui Laybach, dans la Carniole (d’Anville, Géogr. anc., tom. I, p. 187), peut fournir une conjecture. Comme elle est située au nord-est des Alpes juliennes, une place si importante devint naturellement un objet de dispute entre le souverain de l’Italie et celui de l’Illyrie.