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guerre civile, reconnurent avec joie l’autorité de Licinius[1].

Cruauté de Licinius.

L’empereur vaincu laissait deux enfans, un fils de huit ans et une fille de sept environ. L’innocence d’un âge si tendre pouvait inspirer quelque compassion ; mais la compassion de Licinius était une bien faible ressource, et elle ne l’empêcha pas d’éteindre le nom et la mémoire de son adversaire. La mort du fils de Sévère est encore moins excusable, puisque ni la vengeance ni la politique ne le condamnaient à périr. Le vainqueur n’avait point à se plaindre du père de l’infortuné Sévérien ; on avait déjà oublié le règne court et obscur de Sévère dans une partie de l’empire fort éloignée. Mais l’exécution de Candidianus est un acte de la cruauté et de l’ingratitude la plus noire. Il était fils naturel de Galère, l’ami et le bienfaiteur de Licinius : le père, en mourant, l’avait jugé trop jeune pour soutenir le poids du diadème. Il espérait que, sous la protection des princes qu’il avait lui-même revêtus de la pourpre impériale, son fils mènerait une vie tranquille et honorable. Candidianus avait alors près de vingt ans. Sa naissance, quoiqu’elle ne fût soutenue ni par le mérite ni par l’ambition, suffit pour enflammer la jalousie de Li-

  1. Zosime rapporte la défaite et la mort de Maximin comme des événemens naturels ; mais Lactance (De morte persecut., c. 45-50) les attribue à l’interposition miraculeuse du ciel ; et il s’étend beaucoup sur ce sujet. Licinius était alors un des protecteurs de l’Église.