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s’élève par le droit des armes, de celui que le droit de sa naissance appelle au trône de ses pères. Les Perses respectèrent sa mémoire jusqu’à la fin de leur monarchie, et son code de lois fut toujours la base de leur administration civile et religieuse[1]. Plusieurs de ses maximes nous sont parvenues. Une entre autres prouve combien ce prince pénétrant connaissait les ressorts du gouvernement. « L’autorité du monarque, disait-il, doit être soutenue par une force militaire. Cette force ne peut se maintenir que par des impôts. Tous les impôts tombent à la fin sur l’agriculture ; et l’agriculture ne fleurira jamais qu’à l’abri de la modération et de la justice[2]. » Le fils d’Artaxercès était digne de lui succéder. Sapor hérita des états de son père, et de ses idées de conquête contre les Romains ; mais ces projets ambitieux, trop vastes pour les Perses, firent le malheur des deux nations, et les plongèrent dans une suite de guerres sanglantes.

Puissance militaire des Perses.

À cette époque, la nation persane, depuis long-temps civilisée et corrompue, était bien loin de pos-

  1. Eutychius, tom. II, p. 180, publié par Pococke. Le grand Chosroès-Noushirwan envoya le code d’Artaxercès à tous ses satrapes, comme la règle invariable de leur conduite.
  2. D’Herbelot, Bibl. orient., au mot Àrdshir. Nous pouvons observer qu’après une ancienne période remplie de fables, et un long intervalle d’obscurité, les annales de Perse ont commencé, avec la dynastie des Sassanides, à prendre un air de vérité.