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prudente, qui pouvait s’adapter à l’événement et sauver leur réputation, quel que fût le sort des armes[1].

Victoire de Constantin près de Rome. A. D. 312. 28 octobre.

On a comparé la célérité de la marche de Constantin à la conquête rapide de l’Italie par le premier des Césars : ce parallèle flatteur est assez conforme à la vérité de l’histoire, puisque entre la reddition de Vérone et la fin décisive de la guerre, il ne s’écoula que cinquante-huit jours. Constantin avait toujours appréhendé que le tyran ne suivît les conseils de la crainte, peut-être même de la prudence, et qu’au lieu d’exposer ses dernières espérances au risque d’une action générale, il ne s’enfermât dans Rome : d’amples magasins auraient alors rassuré Maxence contre les dangers de la famine ; et comme la situation de Constantin ne souffrait aucun délai, il se serait peut-être vu réduit à la triste nécessité de détruire par le fer et par le feu la ville impériale, le plus noble prix de sa victoire, et dont la délivrance avait été le motif, ou plutôt le prétexte de la guerre civile[2]. Ce fut avec un plaisir égal à sa surprise, qu’étant arrivé dans un lieu appelé Saxa--

  1. Illo die hostem Romanorum esse periturum. Le prince vaincu devenait immédiatement l’ennemi de Rome.
  2. Voyez Panegyr. vet., IX, 16, X, 27. Le premier de ces orateurs parle avec exagération des amas de blé que Maxence avait tirés de l’Afrique et des îles ; et cependant, s’il est vrai qu’il y eût une disette, comme le dit Eusèbe, Vie de Const., l. I, c. 36, il faut que les greniers de l’empereur n’aient été ouverts que pour les soldats.