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Indolence et craintes de Maxence.

Tandis que Constantin signalait sa valeur et son habileté sur le champ de bataille, le souverain de l’Italie paraissait insensible aux calamités et aux périls d’une guerre civile qui déchirait le sein de ses états. Le plaisir était la seule occupation de Maxence. Cachant ou affectant de cacher en public le mauvais succès de ses armes[1], il s’abandonnait à une vaine confiance qui éloignait le remède du mal, sans éloigner le mal lui-même[2]. Plongé dans une fatale sécurité, les progrès rapides de ses ennemis[3] furent à peine capables de l’en tirer. Il se flattait que sa réputation de libéralité, et la majesté du nom romain, qui l’avaient déjà délivré de deux invasions, dissiperaient avec la même facilité l’armée rebelle de la Gaule. Les officiers habiles et expérimentés qui avaient servi sous les étendards de Maximien, furent enfin forcés d’apprendre à son indigne fils le danger imminent où il se trouvait réduit : s’exprimant avec une liberté qui l’étonna, et qui seule pouvait le convaincre, ils lui représen-

  1. Litteras calamitatum suarum indices supprimebat. (Panegyr. vet., IX, 15.)
  2. Remedia malorum potiùs quàm mala differebat. Telle est la belle expression dont Tacite se sert pour blâmer l’indolence stupide de Vitellius.
  3. Le marquis de Maffei a rendu extrêmement probable l’opinion que Constantin était encore à Vérone le premier septembre de l’année 312, et que l’ère mémorable des indictions a commencé lorsque ce prince se fut emparé de la Gaule cisalpine.