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À la tête de quarante mille soldats environ, il ne craignit pas de se mesurer avec un rival suivi d’une armée au moins quatre fois supérieure en nombre ; mais depuis long-temps les armées de Rome, éloignées de tout danger, vivaient au sein de la mollesse, et avaient été énervées par le luxe et l’indiscipline. Accoutumés aux bains délicieux et aux théâtres de la capitale, les soldats ne se traînaient qu’avec peine sur le champ de bataille. Parmi ces troupes, on voyait surtout des vétérans qui avaient presque oublié l’usage des armes, et de nouvelles levées qui n’avaient jamais su les manier. Les légions de la Gaule, endurcies aux fatigues de la guerre, défendaient depuis plusieurs années les frontières de l’empire contre les Barbares du Nord ; et ce service pénible, en exerçant leur valeur, avait affermi leur discipline. On observait entre les chefs la même différence que parmi les armées. Le caprice et la flatterie avaient d’abord inspiré à Maxence des idées de conquêtes. Bientôt ces espérances ambitieuses cédèrent à l’habitude du plaisir et à la conviction de son inexpérience. L’âme intrépide de Constantin avait été formée dès les premières années de sa jeunesse à la guerre, à l’activité, à la science du commandement : nourri dans les camps, il savait agir, et il avait appris l’art de commander.

Constantin passe les Alpes.

Lorsque Annibal passa de la Gaule en Italie, il fut

    souverain acheva la conquête de l’Italie ; mais il paraît en quelque sorte singulier qu’il ne fasse pas monter l’armée du tyran à plus de cent mille hommes.