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aux mêmes excès que leur maître. On voyait souvent Maxence gratifier l’un de ses favoris de la superbe maison de campagne ou de la belle femme d’un sénateur. Un prince de ce caractère, également incapable de gouverner dans la guerre et dans la paix, pouvait bien acheter l’appui des légions, mais non pas leur estime. Cependant son orgueil égalait ses autres vices. Tandis qu’éloigné du bruit des armes, il passait honteusement sa vie dans l’enceinte de son palais ou dans les jardins de Salluste, on l’entendait répéter que lui seul était empereur, que les autres princes n’étaient que ses lieutenans, et qu’il leur avait confié la garde des provinces frontières afin de pouvoir goûter sans interruption les plaisirs et les agrémens de sa capitale. Durant les six années de son règne, Rome, qui avait si long-temps regretté l’absence de son maître, regarda sa présence comme un affreux malheur[1].

Guerre civile entre Constantin et Maxence. A. D. 312.

Quelle que pût être l’horreur de Constantin pour la conduite de Maxence, quelque compassion que lui inspirât le sort des Romains, de pareils motifs

    plus particulière, quoique différente à certains égards, d’un tumulte et d’un massacre qui eurent lieu à Rome, dans Eusèbe, l. VIII, c. 14 ; et dans Zosime, l. II, p. 84.

  1. Voyez, dans les Panégyriques (IX, 14), une vive peinture de l’indolence et du vain orgueil de Maxence. L’orateur observe, dans un autre endroit, que le tyran, pour enrichir ses satellites, avait prodigué les trésors que Rome avait accumulés dans un espace de mille soixante ans ; redemptis ad civile latrocinium manibus ingesserat.