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cable qui avait caractérisé la plupart des premiers tyrans de Rome. Ce cœur ingrat ne pouvait pardonner la généreuse fidélité qui l’avait élevé sur le trône, et qui l’avait soutenu contre tous ses ennemis. La vie des sénateurs était exposée à ses cruels soupçons ; et, pour assouvir ses infâmes désirs, il portait le déshonneur dans le sein des plus illustres familles. On peut croire qu’un amant revêtu de la pourpre, se trouvait rarement réduit à soupirer en vain ; mais toutes les fois que la persuasion manquait son effet, il avait recours à la violence. L’histoire nous a conservé l’exemple mémorable d’une femme de grande naissance qui conserva sa chasteté par une mort volontaire[1]. Les soldats furent la seule classe d’hommes que Maxence parut respecter, ou dont il s’empressa de gagner l’affection. Il remplit Rome et l’Italie de troupes dont il favorisa secrètement la licence : sûres de l’impunité, elles avaient la liberté de piller, de massacrer même le peuple[2]., et elles se livraient

    nière suivante : Primus institutio pessimo, munerum specie, patres oratoresque pecuniam conferre prodigenti sibi cogeret.

  1. Panegyr. vet., IX, 3 ; Eusèbe, Hist. ecclés., VIII, 14, et Vie de Constantin, I, 33, 34 ; Ruffin, c. 17. Cette vertueuse Romaine, qui se poignarda pour se soustraire à la violence de Maxence, était chrétienne, et femme du préfet de la ville. Elle se nommait Sophronie. Les casuistes n’ont pas encore décidé si, dans de pareilles occasions, le suicide peut être justifié.
  2. Prætorianis cædem vulgi quondam annueret ; telle est l’expression vague d’Aurelius-Viclor. Voyez une description