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s’abandonna au cours rapide du Rhône, et parut aux portes d’Arles avec des forces auxquelles Maximien ne pouvait espérer de résister ; il eut à peine le temps de se réfugier dans la ville de Marseille, voisine de la ville d’Arles. La petite langue de terre qui joignait cette place au continent était fortifiée, et la mer pouvait favoriser la fuite de Maximien ou l’entrée des secours de son fils, si Maxence avait intention d’envahir la Gaule, sous le prétexte honorable de défendre un père malheureux, et qu’il pouvait prétendre outragé. Prévoyant les suites fatales d’un délai, Constantin ordonna l’assaut ; mais les échelles se trouvèrent trop courtes, et l’empereur d’Occident aurait pu demeurer arrêté devant Marseille aussi long-temps que le premier des Césars. La garnison elle-même mit fin à ce siége : les soldats ne pouvant se dissimuler leur faute et les dangers qui les menaçaient, achetèrent leur pardon en livrant la ville et la personne de Maximien. [Sa mort. A. D. 310. Février.]Une sentence irrévocable de mort fut prononcée en secret contre l’usurpateur. Il obtint seulement la même grâce qu’il avait accordée à Sévère ; et l’on publia, qu’oppressé par les remords d’une conscience tant de fois coupable, il s’était étranglé de ses propres mains. Depuis qu’il avait perdu l’assistance de Dioclétien, et dédaigné les avis modérés de ce sage collègue, il n’avait vécu que pour attirer sur l’état une foule de malheurs, et sur lui-même d’innombrables humiliations. Enfin, après trois ans de calamités, sa vie active fut terminée par une mort ignominieuse. Ce prince méritait sa destinée ;