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toute la marche, Maxence harcela leur arrière-garde ; il évita sagement une action générale avec ces vétérans braves et désespérés. Son père avait entrepris un second voyage en Gaule, dans l’espoir d’engager Constantin, qui avait levé une armée sur la frontière, à poursuivre l’ennemi, afin de compléter la victoire. Mais la prudence et non le ressentiment dirigeait toutes les actions de Constantin. Il persista dans la sage résolution de maintenir une balance égale de pouvoir entre les divers souverains de l’empire. Il ne haïssait déjà plus Galère depuis que ce prince entreprenant avait cessé d’être un objet de terreur[1].

Licinius est élevé au rang d’Auguste. A. D. 307, 11 novemb.

L’âme de Galère, quoique susceptible des passions les plus violentes, n’était point incapable d’une amitié sincère et durable. Licinius, qui avait à peu près les mêmes inclinations et le même caractère, paraît avoir toujours eu son estime et sa tendresse. Leur intimité avait commencé dans les temps peut-être plus heureux de leur jeunesse et de leur obscurité. L’indépendance et les dangers de la vie militaire avaient cimenté cette première union ; et ils avaient parcouru d’un pas presque égal la carrière des honneurs attachés à la profession des armes, il paraît que Galère, du moment où il fut revêtu de la dignité impériale, forma le projet d’élever un jour son com-

  1. Lactance, De mort. persec., c. 27. Zosime, l. II, p. 82. Celui-ci fait entendre que Constantin, dans son entrevue avec Maximien, avait promis de déclarer la guerre à Galère.