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savait rarement commander à ses passions, il menaça hautement le député de le livrer aux flammes avec la lettre insolente qu’il avait apportée. [Il est reconnu par Galère, qui lui donne seulement le titre de César, et qui accorde à Sévère celui d’Auguste.]Mais son ressentiment s’apaisa par degrés. Lorsqu’il eut calculé les chances incertaines de la guerre ; lorsqu’il eut pesé le caractère et les forces de son compétiteur, il consentit à profiter de l’accommodement honorable que la prudence de Constantin lui avait offert. Sans condamner et sans ratifier le choix de l’armée de Bretagne, Galère reconnut le fils de son ancien collègue pour souverain des provinces situées au-delà des Alpes ; mais il lui accorda seulement le titre de César, et il ne lui donna que le quatrième rang parmi les princes romains : ce fut son favori Sévère qui remplit le poste vacant d’Auguste. L’harmonie de l’empire parut toujours subsister ; et Constantin, qui possédait déjà le réel de l’autorité suprême, attendit patiemment l’occasion d’en obtenir les honneurs.

Frères et sœurs de Constantin.

Constance avait eu de son second mariage six enfans : trois fils et trois filles[1]. Leur extraction impériale semblait devoir être préférée à la naissance plus obscure du fils d’Hélène. Mais Constantin, âgé pour lors de trente-deux ans, possédait déjà toute la vigueur de l’esprit et du corps, dans un temps où l’aîné de ses frères ne pouvait avoir plus de treize ans. L’empereur, en mourant[2], avait reconnu et

  1. Lactance, De mort. pers., c. 25 ; Eumène (VII, 8) décrit toutes ces circonstances en style de rhéteur.
  2. Il est naturel d’imaginer, et Eumène insinue que